

Nino Gagnebien
Responsable du déploiement de Boussole
December 13, 2024
Imaginez une société où la réussite ne serait pas jugée à l’aune des seuls indicateurs économiques comme le PIB, mais à travers ce qui compte vraiment : le bien-être global des individus. Cet idéal est à une portée de main grâce au concept du bien-être subjectif (Subjective Well-Being, SWB).
Le bien-être subjectif ouvre la voie à une approche révolutionnaire pour évaluer et améliorer la manière dont nos décisions – qu’elles soient politiques, économiques ou sociales – influencent directement le bien-être des personnes. Chez Boussole, nous croyons que la somme des SWB de chaque individu constitue une définition claire et mesurable de l’intérêt général. Cet article explore les fondements de cette mesure, ses dimensions clés, et son rôle croissant dans la transformation des politiques publiques et des stratégies d’entreprise à travers le monde.
Le bien-être subjectif est un concept qui englobe les perceptions et expériences personnelles des individus sur leur propre vie. Sa force réside dans sa capacité à réunir différentes facettes du bien-être sous une même grandeur d’intérêt:
Bien que souvent assimilé au « bonheur », le SWB est plus vaste. Il combine les évaluations générales de la vie et les expériences ponctuelles de bonheur ou de stress. Cette approche globale en fait un indicateur essentiel pour comprendre et améliorer la qualité de vie.
Le SWB s'articule autour de trois dimensions principales, que nous explorerons en détail :
En intégrant des considérations relatives à ces trois domaines, le SWB dresse un portrait complet et nuancé du bien-être d’un individu.
La dimension hédonique reflète la balance entre les émotions positives (joie, sérénité) et négatives (stress, anxiété) dans la vie quotidienne. Ce domaine se concentre sur le plaisir et la douleur, mesurant à quel point les individus vivent des expériences agréables ou désagréables.
Des outils comme les échelles PANAS (Positive and Negative Affect Schedule) ou SPANE (Scale of Positive and Negative Experience) permettent de mesurer cette dimension. Pour aller plus loin, des méthodes comme le "Day Reconstruction Method" (DRM) ou l'"Experience Sampling Method" (ESM) capturent des données en temps réel sur les émotions vécues, rendant la mesure encore plus précise et évitant les biais liés à la mémoire.
La dimension cognitive repose sur une évaluation globale de la vie d’une personne. Les individus sont invités à répondre à des questions comme : "Sur une échelle de 0 à 10, à quel point êtes-vous satisfait de votre vie ?" Ce type de mesure, souvent associé aux enquêtes longitudinales, est simple à collecter et fournit des indications claires sur le bien-être global.
La dimension eudémonique explore des concepts plus profonds liés à l’épanouissement humain, tels que le sens de la vie, le développement personnel et la vertu. Inspirée des travaux en psychologie positive, cette dimension mesure des éléments comme :
Bien que ces mesures soient encore peu utilisées à grande échelle, elles constituent un cadre essentiel pour comprendre le bien-être au-delà des simples ressentis ou évaluations de satisfaction.
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Une analyse approfondie des travaux en psychologie et économie comportementale nous a permis d'identifier 79 variables, appelées variables prédictives, qui influencent le SWB. C’est variables peuvent être décrites de évaluées grâces à des sous-variables tangibles et directement mesurables. Nous avons regroupé ces variables en 6 grands domaines:
Chacun de ces domaines se décompose en variables macro, puis en variables micro, qui peuvent à leur tour être déclinées en éléments tangibles et mesurables.
Les variables du SWB.
Bien qu’elle soit intrinsèquement une grandeur d’intérêt sociale, le bien-être subjectif est pertinent pour faire face aux enjeux environnementaux.
Le SWB offre une approche unique et holistique pour mesurer ce qui compte réellement : le bien-être des individus. Contrairement à des indicateurs purement économiques ou environnementaux, il permet de capturer les impacts humains des politiques et des initiatives, en tenant compte des aspirations, des émotions et du sens perçu dans la vie des personnes.
Les métriques classiques comme le PIB ne reflètent pas l'impact des politiques sur le bonheur ou la santé mentale des populations. Par exemple, une augmentation du PIB n’est en général pas synonyme d’augmetation du bien-être des populations.[8]

Les données sur le SWB peuvent orienter les politiques publiques et les stratégies d’entreprise en mettant en lumière les choix ayant les impacts les plus positifs sur les individus. Des initiatives favorisant un équilibre travail-vie personnelle élevé augmentent significativement la satisfaction de vie, même si elles n'ont pas d’effet direct sur les revenus.[2]
Le SWB peut être utilisé pour révéler et réduire les inégalités, en mettant en évidence les écarts de bien-être entre différents groupes sociaux ou géographiques. Par ailleurs, il est un outil puissant pour intégrer des préoccupations intergénérationnelles, en mesurant les impacts sur le bien-être futur en lien avec des enjeux environnementaux ou économiques.
Des pays comme la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ont placé le SWB au centre de leurs stratégies nationales. En Nouvelle-Zélande, le "Wellbeing Budget" (Budget du Bien-être) guide les décisions budgétaires pour maximiser l’impact sur la santé mentale, l’éducation et la durabilité environnementale. De son côté, le Royaume-Uni utilise des enquêtes régulières pour évaluer le SWB et ajuster les politiques publiques en fonction des priorités identifiées par les citoyens.
Les entreprises et les investisseurs engagés dans des approches ESG (Environnement, Social, Gouvernance) trouvent dans le SWB un outil puissant pour évaluer et maximiser leur impact. Par exemple, certaines organisations comme Unilever intègrent le bien-être de leurs employés et consommateurs dans leurs évaluations d’impact. Les fonds d’investissement à impact, tels que ceux soutenus par le GIIN (Global Impact Investing Network), s’appuient également sur des métriques de SWB pour prioriser des projets ayant un impact social et environnemental significatif.
Comme évoqué plus haut, le SWB permet de quantifier les effets d’initiatives climatiques, sociales ou de toute autre nature, sur le bien-être des individus. Des organisations comme l'OCDE préconisent par exemple son utilisation pour évaluer l'efficacité de programmes de lutte contre la pauvreté ou d'amélioration de la santé.
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1. Collecte de données fiables
L’intégration du bien-être subjectif commence par une collecte rigoureuse de données..
2. Analyser les données et évaluer l’impact des interventions
Une fois les données collectées, il est crucial de les analyser pour comprendre l’effet des politiques ou initiatives sur le SWB. Cela implique de comparer les niveaux de SWB avant et après l’intervention et d’isoler les facteurs contribuant à ces changements.
3. Adopter un indicateur du SWB pour comparer des projets
En adoptant un indicateur fondé sur le SWB (comme les WELLBY), servant de monnaie commune pour quantifier les effets sur le SWB, il est possible de comparer simplement et justement des initiatives très différentes. Les décideurs peuvent ainsi comparer et prioriser les actions ayant le plus grand impact positif, et ce peu importe leurs natures.
4. S'engager sur une amélioration continue
L’intégration du SWB nécessite un suivi régulier et une adaptation constante des stratégies. Les organisations doivent fixer des objectifs clairs d’amélioration et ajuster leurs actions en fonction des retours des parties prenantes et des résultats obtenus.
5. Contribuer à la construction de normes communes
Enfin, les organisations ont un rôle à jouer dans la normalisation des mesures de SWB. En adoptant des standards partagés, elles facilitent les comparaisons intersectorielles et renforcent la crédibilité des décisions fondées sur le bien-être. Cela pourrait inclure une collaboration avec des organismes internationaux pour développer des cadres d’évaluation reconnus. Une telle démarche collective permettrait d’institutionnaliser le SWB comme un pilier central des décisions stratégiques.
Le bien-être subjectif s’avère une grandeur essentielle pour guider les décisions publiques et privées vers l'intérêt général. La Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ouvrent la voie en intégrant cette approche dans leurs politiques. Chez Boussole, nous guidons les organisations à travers cette transition en leur proposant des outils innovants pour mesurer, comparer et optimiser l'impact de leurs initiatives sur le bien-être des populations.
Et vous, comment intégrez vous le bien-être subjectif dans vos décisions ? Participez à cette transformation stratégique et maximisez votre impact.
Sources
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